Le centre culturel Uhuru Knowledge a organisé, ce dimanche 10 mars, une rencontre artistique dénommée “Ndoto”. Ce festival a été conçu en jumelage entre les jeunes artistes de Goma et les déplacés de Sake, qui se trouvent actuellement à Goma à la suite de l’intensification des combats entre les forces loyalistes et les rebelles du M23.
Au cours de la journée dominicale, des artistes de diverses disciplines ont défilé sur scène et sur un tapis. Cependant, quelques temps morts ont été causés, d’une part par l’atmosphère. Pour débuter, les jeunes danseurs du groupe Vijana UP ont égayé le public majoritairement composé d’enfants et de femmes déplacés de guerre. Leurs pas de danse, accompagnés de “breaks”, ont partagé la scène avec des acrobates qui ont réalisé des longues pyramides humaines, offrant ainsi une aventure à couper le souffle.
Après cette séance “introductive”, l’heure est venue de passer à la musique, à la danse traditionnelle et au Slam. C’était l’occasion pour les artistes de Goma et leurs confrères déplacés de guerre de s’exprimer et de restaurer les rêves brisés par la guerre.
Zawadi Buhesha, une femme d’une trentaine d’années venue de Sake, a été agréablement surprise par l’ampleur des activités. Habituellement limitées à une brève distribution de suppléments alimentaires aux enfants, ces activités du festival ont apporté une unité bienvenue dans le site où elle réside. Elle confie : “Je me suis sentie obligée d’abandonner mes activités ménagères pour venir assister de près.” Son espoir pour l’avenir de ses enfants est grand.
Ce rendez-vous culturel a rassemblé des artistes de disciplines variées, tous animés par un même et unique objectif : apporter un peu de lumière et d’espoir à ceux qui ont été touchés par la guerre et les déplacements forcés.
Augustin Ngabo, par exemple, est un jeune artiste œuvrant dans le domaine de la mode et du maquillage artisanal. À 21 ans, cet étudiant de l’Institut Supérieur des Arts et Métiersà Goma a saisi l’opportunité du festival Ndoto pour prêcher la paix à travers des messages écrits sur des habits confectionnés à partir de “sacs poubelles”. “La paix est un sujet qui demande l’implication de tout le monde,” a déclaré l’artiste, motivant ainsi son déplacement depuis le centre-ville pour exposer devant les déplacés de guerre.
De son côté, Steven Muhindo est un artiste du collectif Masisi Slam. Arrivé à Goma il y a 3 semaines, suite auxaffrontements entre les belligérants, ce jeune slameur est convaincu qu’à travers ses textes empreints d’espoir, il peut insuffler une certaine résilience parmi ses congénères en situation de déplacement. Appelant les jeunes de Sake à rester positifs malgré la situation qui les caractérise, Steven insiste sur le fait que “tout ce qui nous reste, c’est de rêver, personne ne doit nous en priver.”
En conclusion, il encourage les organisateurs du festival Ndoto à mettre en place un calendrier uniforme afin de “maintenir cette chaleur humaine autour des personnes déplacées.”
Heureusement pour lui et pour les autres personnes déplacées, selon les propos d’Elie Syaghuswa, “nous projetons de l’organiser également dans d’autres camps pour partager ces mêmes énergies, car ici, ce n’était que la première expérience.” Remerciant les partenaires ayant participé à cette réalisation, le chargé de programme du Uhuru Knowledge Center en profite pour appeler d’autres organisations à se joindre à cette idée, car “les portes sont encore ouvertes et les défis logistiques ne sont pas encore relevés jusqu’à présent.
Le quotidien des personnes déplacées vivant dans les sites environnant la ville de Goma demeure exposé à de multiples dangers de nature différente. N’ayant encore rien à faire à des kilomètres de leurs domiciles, ils sont obligés de rester oisifs, se demandant “à quand le début de la fin” de leur souffrance.
Ces âmes courageuses, confrontées à l’incertitude et à la vulnérabilité, espèrent un avenir meilleur, où la paix et la stabilité seront enfin restaurées. Le festival “Ndoto” leur a offert un moment de répit, une lueur d’espoir au milieu de l’obscurité. Puissent leurs rêves se réaliser, et puissions-nous tous contribuer à alléger leur fardeau.